EDITO: Ma mère a 100 ans !

Annie PetitEditorial E & S N°38

Comme le lui a écrit le candidat Emmanuel Macron le 18 avril 2017, «sa génération a bâti la société dans laquelle nous vivons et participé aux avancées sociales majeures». C'est vrai, elle a connu le Front populaire et les conquêtes d'après-guerre...


Alors, elle pensait naïvement qu'elle méritait un peu de considération. Elle a vite compris que ce n'était que des mots vides de sens.
Pour les impôts, elle a déclaré 192 € de moins que l'année dernière car elle est assujettie à l'augmentation de CSG puisqu'elle dépasse leseuil de 1 200 € : retraite personnelle de 600 € plus la pension de réversion de son époux.
Pourtant le coût de l'EHPAD où elle réside a augmenté en 2018 de 1 245 € et elle ne peut pas bénéficier de la réduction de la taxe d'habitation car elle n'a pas encore vendu sa maison, considérée comme résidence secondaire !

Aujourd'hui, elle s'inquiète pour les jeunes générations des incidences de la réforme des retraites et des pensions de réversion.
Actuellement, la pension de réversion dans le privé est de 54 % de la pension du conjoint décédé, avec un plafond de 1 712 €.
Pour ma mère, 54 % de 2 000 € + 600 € = 1 680 €.

Demain, la future réforme prévoit un calcul très différent, l'addition des deux retraites divisée par 2, soit : 2 000 € + 600 € : 2 = 1 300 €.

En découlent une perte de 380 € et l'obligation pour ses trois enfants de participer financièrement. C'est justement ce qui la chagrine car elle ne pensait pas être un jour à leur charge, sachant qu'ils doivent aussi aider leurs propres enfants.
Si elle regarde en arrière, elle s'enorgueillit d'avoir contribué à la construction de la société solidaire dans laquelle nous vivons ; mais elle est un peu triste de la voir régresser dans tous les domaines, et espère un réveil, un sursaut des nouvelles générations.

le 20 juin 2019,

Annie PETIT, Secrétaire Nationale