Edito: Le coronavirus: avant, pendant, maintenant… et après ?

Annie PetitEditorial E & S N°42

Avant, les retraités étaient considérés comme des nantis, avec 1 200 € de pension par mois, des égoïstes qui ne pensaient pas aux plus jeunes dans la difficulté. Pourtant, ils étaient les mieux placés pour savoir qu'ils aidaient déjà leurs enfants et petits-enfants. Retraités privilégiés, on pouvait donc les ponctionner : gel des pensions, CSA, CSG, etc.


Pendant, les retraités sont devenus vulnérables, à protéger, pour ne pas dire à isoler, et pourquoi pas jusqu'à la fin de l'année. Un bon moyen de les rendre invisibles, cachés en EHPAD, ou à domicile, de ne pas leur fournir de matériel de protection, d'opérer une sélection d'accès aux urgences, de reporter des interventions et traitements. À tel point que si le gouvernement communique aujourd'hui sur le nombre de décès en EHPAD, il ne l'a pas fait dans les premiers temps de la pandémie, quant aux décès à domicile, on ne connait toujours pas leur nombre, et sans doute ne le connaîtrons-nous jamais.
Les retraités se sont rebellés. Vulnérables ? Sans doute ! Mais citoyens à part entière, à respecter et à considérer comme le reste de la population.
Maintenant, comme tout le monde, ils sont heureux de retrouver un peu de liberté, et de renouer le contact avec la famille et les amis. Comme tout le monde, ils sont conscients et responsables, et savent qu'il faut rester prudent.
Et après ? Pas question de revenir à avant. Pas question de faire payer la facture de la crise sanitaire aux retraités, quand les actionnaires ont continué à se remplir les poches.
Nos revendications demeurent : revalorisation de toutes les pensions alignées sur l'évolution des salaires, pas de retraites inférieures au seuil de pauvreté, des moyens humains et
financiers pour l'hôpital, les EHPAD, les aides à domicile ; qu'enfin la loi « grand âge » voie le jour. Notre association ne sera pas invisible.

le 16 juin 2020,

Annie PETIT, Secrétaire Nationale